fbpx

Tous les êtres sont des Bouddhas (extrait)

Tous les êtres sont des Bouddhas (extrait)
2 octobre 2018 cecilia

Tous les êtres sont des Bouddhas

 

Les grands principes liés à la nature de Bouddha sont simples à comprendre. Notre véritable nature est recouverte par différents voiles d’ordre cognitif et émotionnel, il suffit d’étudier et d’appliquer différentes techniques méditatives pour les enlever. Ainsi, en parcourant le chemin, la perception passe d’un état ordinaire à un état éveillé. Les neuf exemples que l’on retrouve entre autres dans le Continuum insurpassable illustrent très bien ces principes[1].

Par contre, il est moins évident de comprendre le sens de la présence de la nature de Bouddha en tous les êtres, comment cela est-il possible ? De plus, en quoi consiste la perception ordinaire ou la saisie dualiste propre au saṃsāra ? Quelles sont ses caractéristiques et pourquoi faudrait-il s’en défaire ? À cause de la souffrance nous dit la première vérité des êtres nobles. Mais comment comprendre leur lien de causalité ? Comment s’effectue le passage d’une vision ordinaire à une vision éveillée ?

La nature de Bouddha, l’éveil … autant de concepts qui peuvent paraître très abstraits, voire irréels. Pourtant différents textes du bouddhisme montrent avec une grande précision comment progresser sur le chemin, et ils mentionnent également les différents stades avant d’atteindre l’éveil complet et parfait. Autrement dit, la terminologie liée à l’éveil qui peut paraître à première vue abstraite, renvoie au contraire à différents vécus, à une expérience de soi et du monde, différente d’un être ordinaire. […]

La première question à laquelle nous tenterons de répondre sera donc celle-ci : Comment comprendre que tout est déjà là, de façon permanente, alors que l’état de bouddha n’est pas manifeste ? […] Établir un lien entre conscience non éveillée et conscience éveillée n’est donc pas évident, ces deux modes de conscience semblent complètement différents – amour et sagesse d’un côté, confusion et souffrance de l’autre. Pourtant, le texte [Traité qui montre la nature de Bouddha du 3e Karmapa] ne cesse d’affirmer qu’ils ont une base commune. Il est également question de coémergence[2], concept central de la pratique de la Mahāmudrā, que Dakpo Tashi Namgyal définit de la façon suivante :

Tous les phénomènes animés et inanimés existent concomitamment à leur dimension absolue sans que l’un ne suive ou précède l’autre. Rayons de lune, p. 269.

Cela nous amène à notre seconde principale question : la nature de Bouddha est l’enseignement de référence de la Mahāmudrā, mais comment est-il possible de reconnaître directement la conscience naturelle, cette dimension absolue qui est présente à chaque instant ? Comment comprendre qu’« il n’y a absolument rien à enlever, Ni la moindre chose à ajouter » ? Que doit accomplir le pratiquant, quel geste intérieur doit-il cultiver pour voir ce qui est ?

Afin d’appréhender ces questions, il semble nécessaire de développer une approche phénoménologique et non pas seulement conceptuelle de la nature de Bouddha, afin d’avoir accès au contenu de la perception. Une approche descriptive des vécus permettrait en effet de mieux cerner ce qu’implique la nature de Bouddha : est-ce une fiction, un idéal inatteignable ou une expérience à portée de main ? De plus, en complément de la cohérence herméneutique de ce texte, une cohérence d’ordre « expérientiel » pourrait être mise en lumière.

Sandy Hinzelin, « Tous les êtres sont des bouddhas », ed. Sully, p.131-132.

[1] RGV.I.95/82 et s.

[2] Tib. lhan cig tu kyes pa.

0 Avis

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *